Depuis quelques temps, nous sommes incontestablement rentrés dans une nouvelle phase de l’être-consommateur. Des modifications profondes apparues tendantiellement dans les années 20, puis plus patentes après la guerre de 1945, donnent aujourd’hui leurs premiers effets. Dans les salles des psychanalystes, les névroses ne sont plus de la même nature. Elles ont évolué en prenant la forme de nouvelles psychopathologies.
Pour faire de la publicité en ce début de XXI ème siècle, il est plutôt bon de comprendre ce qui a pu se passer.
Deux mutations profondes ont eu lieu. La fin du transcendentalisme Kantien, et l’évolution du sujet névrotique Freudien.
1) La fin du transcendentalisme Kantien :
De tout temps, l’organologie générale n’a eu cesse que de s’articuler autour de la figure de l’Autre. Parfois Dieu, parfois multi-Autre (polytheïsme), parfois Race, etc…..Plus nous avancions dans le temps plus la gnose de l’Autre devenait possible, ou en d’autre terme, plus la figure de l’Autre devenait familière. Le sujet critique de Kant pose que l’Autre est devenu multiple (au XIX ème siècle) et finalement assez proche du Sujet, c’est à dire, visualisable, concevable.
Sa proximité l’a dissolu dans l’Etre, et finalement, peu à peu, le référent a disparu et s’est résolu séculièrement. Le système transcendental Kantien a disparu et avec lui, quelque part, le sens de la morale, fut-elle religieuse ou républicaine…
2) L’évolution du sujet névrotique Freudien :
De la même façon, Freud nous offre une deuxième lecture du phénomène qui conforte la première constatation. La psychanalyse, et c’est tout l’apport de Freud, a fini par isoler le complexe d’Œdipe comme principe structurant. L’homme est névrosé parce que le père a dit NON à l’enfant désirant le corps maternel. Le N-O-N du père, assimilable d’ailleurs au « nom du père » N-O-M dans la figure religieuse de l’Autre, va conditionner le sens moral et aussi créer la frustration, le refoulement et la névrose.
Le non parternel au cours de la deuxième moitié du XX ème siècle a été remplacé par la figure de la mère archaïque dont la vocation consiste à pourvoir au désir de ses enfants. Rien ne peut leur être refusé. Du coup les désirs ont été transformé en pulsion et l’économie libidinale, base de la croissance, à disparue, marquant la fin du système dans lequel nous vivons.
C’est dans ce contexte, sans transcendentalisme, sans morale, et dominé par la figure de la mère archaïque (au sens Freudien) que les comportements et courants de consommation prennent corps aujourd’hui.