Les psychopouvoirs, ou l'oligarchie Capitalo-Sarkozienne
Dieu est mort.
Et avec lui la plupart des références transcendantales. Ce constat concerne la sphère occidentalisée. Mais celle-ci gagne du terrain pratiquement partout aujourd’hui. Les révoltes issues du Moyen Orient ne cherchent pas à détruire les modèles de l’Occident mais plutôt à en prélever une part et à se l’approprier. De la même manière, les révoltes des banlieues en 2005 participaient à cette même volonté de s’approprier les miettes du système capitaliste.
Il n’y a plus de transcendance. Elle a fait place à la mélancolie. Le monde est dans une impasse totale. Il n’y a plus de désir, il n’y a plus de mystagogie.
La mélancolie est fortement immanente. Nous sommes désormais devenus immanents.
Pourtant, la condition de l’existence est subordonnée aux consistances, au sens donné par Simondon et Stiegler. Les consistances, c’est ce qui permet de passer de la subsistance à l’existence.
Les consistances (l’amour, la justice, la Philia….), c’est ce qui va permettre à un individu de s’individuer et à la population de se transindividuer.
La consistance n’est pas la transcendance mais constitue un plus par rapport à l’immanence. Elle apporte un supplément d’âme.
Les consistances permettent de créer un milieu associé. C’est à dire un milieu ou tout le monde peut, tour à tour, devenir locuteur. Le milieu associé nous place dans un contexte de dialogisme. Il permet de dire « nous ». Il fédère les subjectivations.
Pourtant au détour d’un appartement, d’une maison, dans la plupart des foyers, il existe un objet qui détruit les consistances. La télé est arrivée et elle a remplacé Dieu.
Allumée en permanence, offrant des statistiques de durée d’écoute en France comme aux Etat Unis parfaitement incroyables, elle détruit les consistances et par là même, elle dissocie les milieux.
En ce qui concerne la nuisance de l’outil en lui-même, elle empêche tout simplement le dialogue, car elle pose le téléspectateur en situation de non-réponse. Elle empêche la formation du Moi et donc du SurMoi.
Nous savons que le cerveau d’un enfant se développe car l’enfant doit affronter des contradictions, des interdits. Il doit répondre, composer avec ses pulsions. De cette attente, ou « attention », naît les désirs. Les désirs l’amènent à formaliser sa pensée. Les désirs tracent les chemins qu’il doit emprunter.
La télévision bloque l’ensemble de ces circuits longs, et pour reprendre une image de Bernard Stiegler, la télévision provoque des courts-circuits dans le développement psychologique de l’enfant.
A la place, la télévision implémente des images et des sons mnémotechniques au service des marques. Le M de Mc Donalds, le Orange d’Orange, la virgule de Nike, la petite musique de Darty, et bien d’autres encore, constituent des éléments sonores ou visuels distinctifs destinés à être figés dans le subconscient, dès le plus jeune âge.
Car la télé n’est pas indépendante. Elle constitue le bras armé de l’oligarchie Capitalo-Sarkozienne.
L’arsenal militaire de l’oligarchie ne s’arrête pas à la télé. Nous sommes tous fichés et donc fichus !
Les Data Base, gigantesques compilations d’informations, épaulés de système de Data scanning et de marketing prédictif (scoring), permettent de tout savoir sur tout le monde. La presse people, internet, les réseaux sociaux, les Multimédia On-line Games, la radio sont autant d’outils de manipulation qui permettent à l’oligarchie au pouvoir de contrôler et de renforcer son hégémonie.
Cette fantastique machine de guerre incarne le psycho-pouvoir. Le psycho-pouvoir a toujours existé. Il a toujours essayé d’emprunter une arme combinée à un affect et en a fait un outil redoutablement efficace : la peur de mourir et la religion, le désir de justice et la démocratie, le rejet de l’autre et le racisme, etc…
Pour s’affirmer, le psycho-pouvoir doit maîtriser les hypomnématas, c’est à dire les techniques de grammatisation du corps et de l’esprit.
La maitrise des hypomnématas permet de contrôler toute nouvelle grammatisation. Le contrôle de toute nouvelle grammatisation (hypomnésis) permet de contrôler toute nouvelle transindividuation.
La captation de l’attention par les industries de programme constituent naturellement la pierre angulaire du dispositif. 62 milliards d’heures sont passées devant la télé tandis que au même moment, 34 milliards d’heures sont passées au travail.
Face à la puissance des industries de programme, l’école, autre vecteur d’apprentissage de l’hypomnémata, fait pâle figure car elle affiche un caractère réversible, bifide et elle est soupçonnable au sens du trio Foucault –Deleuze –Bourdieu. Tout Pharmacone possède ce caractère bifide. Il peut détruire tout autant qu’il peut sauver.
Par le contrôle qu’il exerce sur les hypomnémata, le psycho-pouvoir (c’est à dire les institutions ou encore les organes produisant des thérapeutiques, des pharmacologies- voir la desription de l’organologie générale) contrôle l’individu psychique et physiologique.
C'est pour cette raison que le combat contre l'oligarchie Capitalo-Sarkozienne doit impérativement se situer sur le même terrain, sur le terrain des hypomnématas.
C'est sur ce terrain que nous devons mobiliser nos forces pour délivrer une véritable bataille de la psyché, une bataille de l'intelligence comme le proclame François Fillion.
Mais nous n'envisageons pas la même issue à cette guerre que lui.
Car lui, c'est l'élu du grand capital. Et c'est lui qui gère les armes de la bataille.