La femme de l’homme au cœur de porc est un objet de satisfaction physiologique et ses enfants le moyen d'asseoir sa domination, celle dont il est privée, à l'extérieur du foyer.
Et son chien, vous l'avez vu avec son chien! Il le bat. Il lui parle, aussi. Il s'imagine que les phonèmes articulés sont compréhensibles pour l'animal dans une sorte de grammatisation spontanée. Il le domine.
L’homme au cœur de porc vit dans et par la pulsion. Il cherche à exister alors qu'il est dans la subsistance. Quand il consomme, il est victime d'une infatuation subjective. Ses achats sont compulsifs. Il remplace un produit par un produit identique, croyant que le renouvellement de l'usage va créer une valeur ajoutée illusoire. Désolé, une voiture ne sera toujours qu'un tas de tôles mû par un moteur à explosion...Son remplacement par un autre modèle ne le changera pas, lui, l’homme au cœur de porc. Au contraire, il y perdera son âme.
Car l'homme au coeur de porc de s'aime pas. Il ne s'estime pas. Il n'aime pas les autres non plus d'ailleurs. Il n'en prend pas soin. D'ailleurs, changer de voiture aussi souvent, cela est-il une preuve d'attention (dans attention, il y a attente, désir, amour...)?
Il passe la plupart de son temps libre devant la télé, TF1, M6...Il y passe 64 milliards d'heure par an...Au boulot, il en passe à peine la moitié.
Il n'est plus capable d'interactivité. Il reçoit un message, passif.
Dans les années 20, les penseurs du système économique américain avaient affirmé, au moment même ou Ford inventait le consumerisme, que l'inudstrie Hollywoodienne devait être l'industrie de base, l'industrie qui allait soutenir l'ensemble des autres industries. "Vous allez acheter ce dont vous rêvez, vous allez rêver de ce que vous voyez dans les films".
Tout succès d'une industrie quelle qu'elle soit passe par le développement initial d'une politique culturelle. Comme le dit François Fillion, il faut se livrer à la bataille de l'intelligence. L'enjeu de demain se pose bien au niveau de la connaissance, de la culture et de l'éducation. Les américains l'ont compris bien avant nous.
L'home au coeur de porc ne pense plus. Aveuglement, il suit le mot d'ordre ironique de Dany-Robert Dufour " Ne pensez plus, dépensez..."
Bernard Stiegler commentait récemment un crime atroce et citait le juge en charge du procès qui déclarait qu'il n'avait jamais vu des meurtriers au niveau de pensée à ce point proche de zéro.
De nombreuses personnes ont reproché à Annah Arendt sa critique de l'holocauste. Face à cet acte sans signification, l'extermination n'avait pas de sens, elle disait que la seule explication était l'absence de pensée. Il est fort probable que c'est elle qui avait raison.
L'homme au coeur de porc ne pense pas. Il est.
Il n'a pas accès au deuxième niveau, le niveau de l'existence, car il reste cantonné au niveau de la subsistance. Le niveau de l'existence est celui du désir. Le niveau de la consistance, théorisé par Bernard Stiegler, est celui de l'inculcabilité.
En revanche, l'homme au coeur de porc est très calculable. Cette calculabilité, c'est le travail quotidien des hommes de marketing. Quand le Surmoi n'existe pas, quand le Moi n'est pas suffisamment fort pour contrer le ça, la publicité devient la science la plus simple du monde. Les attitudes et les comportements deviennent calculables, quantifiables.
L’homme au cœur de porc trouve son bonheur dans la satisfaction de ses pulsions.
Parfois, il trouve que quelque chose ne tourne plus rond. Quand il a vu Matrix (Hollywood, pour la première fois, disait la vérité) il s’en est trouvé un peu interloqué. Mais, ironie du sort, il s’est ressaisi très vite en se disant, qu’après tout, ce n’était que du cinéma !
L’homme au cœur de porc souffre parfois de mélancolie. Comme dit Miossec, la mélancolie est communiste, tout le monde y a droit de temps en temps.
L’homme au cœur de porc est un peu démotivé dans son travail et tout le monde, y compris lui même, se demande pourquoi.
Il lui arrive même de n’avoir plus envie de consommer.
L’homme au cœur de porc à le même cœur qu’un porc. L’homme au cœur de porc n’a qu’un coeur pour subsister. On le lui a greffé.
Et il ne le sait pas