Articles sombres que ces deux textes parus simultanément dans Le Monde d’avant hier et publiés par deux prédicateurs soudain touchés au plus profond de leurs convictions néo-libérales par un retournement de tendances qu’ils n’avaient pas prévus.
La « rupture » tant idolâtrée, revêt des apparats bien ennuyeux pour les tenants du Laisser-faire économique.
Le réveil, brutal, est douloureux.
Pour autant, Maurice Levy d’une part comme Nicolas Baverez d’autre part, ne laissent filtrer aucun semblant de remise en cause dans leurs propos.
Non, pensent-ils, il faut continuer et persister dans cette mascarade capitaliste, vouant le monde entier à un échec certain, et prôner la croissance à tout crin. Au mieux le développement durable, qui, comme chacun sait, représente une association de termes pour le moins contradictoires.
Le problème, c’est que Adam Smith est aujourd’hui un peu loin, Hayek définitivement rétrograde et Friedman mis en échec.
Quand la théorie fout le camp, il reste le champs de l’idéologie…
Et de ce coté là , le pouvoir économique n’y a pas été de main morte en nous mettant à la tête de l’état un pantin (désarticulé), symbole niais et archétypal d’un libéralisme à l’agonie.
Idéologique, symbolique et archétypal, il l’est assurément.
J’y vois deux preuves caractéristiques :
La mise en scène de la valeur travail, tout d’abord… « Pour gagner plus, il faut travailler plus… »
Dans toutes les idéologies totalitaires, cette valeur a été iconographiée. C’est le mythe du stakhanoviste communiste, le travail-famille-patrie pétiniste, les grand travaux maoistes, etc…
Ironie du sort, ce sont les idéologies les plus viscéralement combattues par la droite qui lui renvoient aujourd’hui ce signe maléfique, tel un boomerang (????)
La deuxième preuve nous est tout simplement donnée par les arguments véhiculés pendant la campagne présidentielle.
En digne héritier de Bernard de Mandeville, Nicolas Sarkozy reprend à son propre compte la fameuse « fables des abeilles » dont la morale peut se résumer ainsi :
Les vices privées sont sources de vertues publiques.
"La prodigalité d'un libertin, agissant par vice, donne du travail à des tailleurs, des serviteurs, des parfumeurs et des femmes de mauvaise vie..." ou encore « ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger qu'il faut espérer notre dîner, mais de leur propre intérêt." Il ressort de la fable des abeilles que l'égoïsme des hommes est le seul fondement possible de la société et que le vice en tant que recherche de l'intérêt propre est la condition de la prospérité. A partir du moment ou la libération des passions produit de la richesse, il faut laisser faire les égoîsmes. « Laisser-faire » : le mot est laché. Comme un symbole, il annonce la naissance du libéralisme qui sera officialisée et légitimé avec Adam Smith dans son traité sur « La richesse des Nations ».
Nicolas Sarkozy est donc l’homme du vice, celui qui en théorie est supposé produire la richesse de la citée.
Sarkozy est malin mais il n’a pas lu Yann Moulier Boutang.
Ce dernier a en effet produit un excellent travail sur la notion des « externalités ». Les « externalités » sont les effets induits d’un accord entre deux personnes sur une tierce personne à priori non concernée par les termes de l’accord.
En supposant que la théorie Mandevillienne soit juste, elle ne prend pas en compte les externalités, c’est à dire les effets produit par une telle politique sur les sphères autres que la sphère économique.
Le laisser-faire pratiqué à grande échelle, théorisé idéologiquement, industrialisé grâce aux industries de programme (Télévision, réseaux sociaux…) marque pour les esprits la fin de la morale Kantienne.
Le transcendentalisme et la figure Freudienne du père disparaissent peu à peu de notre paysage sociétal pour laisser une humanité post-moderne sans repère ni repaire, désemparée, livrée à elle même, soumises aux pulsions de ses propres enfants, incapables de les canaliser, une humanité ou règne l’absence assourdissante de la figure de l’Autre.
Le capitalisme (le psycho-pouvoir) a commis une erreur irréparable en adoubant Nicolas Sarkozy. Il a mal choisi son bras armé. Le roi est nu !!!
Comme un funeste dénouement, sa chute désormais inéluctable va entraîner la perte du système tout entier.
Marty.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.