Le travail n’est pas une valeur.
Le travail a pour objet et sens premier de satisfaire aux besoins physiologiques des individus par la rémunération qu’il engendre.
Le travail est une forme d’esclavage qui traduit l’enchaînement de la vie à elle-même (Patochka).
Le travail procède à la nécessité physique de pourvoir aux besoins de la vie.
Le travail s’inscrit dans la suite de l’éducation, qui est le temps ou nous ne sommes pas tenu de pourvoir à notre subsistance, de répondre nous-même de notre vie.
Toute exaltation du travail, toute apologie de sa valeur, qui refuserait de voir que pour des millions de personnes le travail n’a pas d’autre sens que de garantir la subsistance, relève des réductions, des objectivations, des simplifications, de l’idéologie.
Toute exhalation de cette valeur, comme nous le vivions sous le règne idéologique de Sarkozy, relèverait d’une énorme supercherie. Car le travail n’a pas d’autre sens que celui de garantir une subsistance.
Pire, a partir du moment où le travail s’érige en valeur, son absence prend alors la forme d’une transgression. Le CDD, l’intermittent, le chômeur deviennent donc, dès l’instant où le travail cesse d’être présent, des parias pour la société. La culpabilisation qui s’en suit se rajoute à la mélancolie et à la schizophrénie, les nouvelles maladies psychiques dont je parle par ailleurs.
Du coup, la société va encore plus mal.
Pire encore, certaines sociétés ou secteur comme la distribution, encore régies par des logiques de saturation du sens et d’apologie du travail sans souci d’éthique, de réalisation de soi, jouent abondamment sur la peur et les angoisses que la suppression de ce visa social qu’est devenu le travail peut générer.
Et ce genre de politiques participe évidemment à une amplification du malaise social.
La grande manipulation des esprits consiste à affirmer que l’économie du plein emploi existe. Baverez le dit à nouveau dans Le Point de la semaine dernière. Par le truchement des lois de l’offre et la demande, la relance économique, la croissance et le développement ne peuvent que conduire à la réalisation de cette état mystique de plein emploi. Et bien sûr, s’il y a du chômage, c’est la nature humaine qui en est la cause.
Et oui, le bougre, l’homme est fainéant par nature ! Il n’est pas courageux. Sa propension à l’oisiveté est bien connue.
De façon insidieuse, l’idée reçue fait son chemin. Le chômeur ne veut pas travailler. Et il porte la responsabilité de la situation actuelle.
Et ça marche, puisque l’élection présidentielle se gagne sur ce critère!!!
La machine idéologique est bien huilée. Elle est redoutablement efficace. Il n’est dès lors pas étonnant que les esprits faibles s’y laissent prendre.
Le seul risque qui menace l’extraordinaire machination capitalistique, c’est la démobilisation des travailleurs, prolétaires, cadre ou non cadre, qui peut les saisir lorqu’il sont confrontés à la suppression de ce travail. Soudainement, ils peuvent prendre conscience de la vacuité du système, ils peuvent prendre conscience qu’il n’ont été formé que dans un but productif.
Face à cette menace, le pouvoir économique n’est pas stupide.
Le pharmacone est bien connu. Il revêt deux formes bien distinctes:
- Le renforcement du pouvoir des industries de programme et un corollaire, son contrôle par l’état. C’est ce que Sarkozy a appliqué à la lettre en confiant le quasi-monopole des recettes publicitaires aux chaînes détenues par ses amis.
- La réinjection dans l’imaginaire populaire de la figure de l’Autre, en l’occurrence Dieu et l’église. Non pas pour en faire un nouveau culte, le capitalisme n’est pas bête. Il sait que cela ne sera pas. Pas plus pour de basses et futiles croyances christiques, il n’y a de foi au sein du pouvoir que celle de l’argent… Mais plutôt pour donner le change. Dieu est un leurre. Une fausse piste.
Le nazisme prônait la suprématie aryenne et vouait un culte au travail.
Le communisme prônait la collectivisation et vouait un culte au travail.
Aujourd’hui, la droite prône le travail comme valeur centrale et allume un contre-feu en invoquant l’église.
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